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La grande accélération?

Du Chili à l’Iran, des studios de Hollywood au procès des viols de Mazan, les femmes se soulèvent dans le monde entier. Le nouveau numéro de Manière de voir (1) explore la décennie #MeToo, ses déclinaisons et ses conséquences à l’échelle planétaire.
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En 2017, M. Donald Trump s’installe à la Maison Blanche, le machisme en bandoulière. Cette même année s’élance le mouvement #MeToo, une vague de dénonciations des agressions sexuelles qui gagne de nombreux pays. Sept ans plus tard, M. Trump revient au pouvoir, en dépit de ses attaques contre le droit à l’avortement durant son premier mandat. Sa réélection fournit l’occasion, à travers la dernière livraison de Manière de voir1>«Femmes. Une révolution permanente», Manière de voir no 198, déc. 2024-janv. 2025, bimestriel édité par Le Monde diplomatique., de dresser un bilan des combats féministes, particulièrement vigoureux, au cœur d’une époque pourtant marquée par la montée des forces réactionnaires.

Reflet de cette cause-monde, le sommaire navigue du Japon à la Tunisie, du Ghana à l’Arabie saoudite. Agrémenté de nombreux graphiques et de données comparatives, il documente l’état des inégalités ainsi que la diversité des situations d’un pays à l’autre, les avancées ou les reculs en matière de droits.

Une première partie plonge dans les grandes mobilisations des dernières années, qui, contrairement aux idées reçues sur #MeToo, se déroulent dans la rue plus que sur les réseaux sociaux. Des avenues latino-américaines aux places iraniennes, les femmes défendent leurs libertés avec âpreté et détermination. Les luttes ne sont pas toujours victorieuses, comme le montre la répression du mouvement «Femme, vie, liberté» ou encore la régression des droits procréatifs en Europe centrale et orientale, mais les changements prennent aussi des chemins plus souterrains. Au Maghreb et au Proche-Orient, les féministes continuent de se mobiliser malgré le ressac des «printemps arabes».

Qu’il soit domestique ou salarié, gratuit ou rémunéré, le travail demeure un champ de bataille central qu’explore la seconde partie. La salarisation massive des femmes des classes moyennes a marqué la seconde moitié du XXe siècle en Europe ou en Amérique du Nord. Si elle a servi de point d’appui pour la conquête d’une autonomie, les inégalités demeurent.

En Asie ou en Afrique, les femmes assurent encore l’essentiel de la production alimentaire, mais sur des terres qui ne leur appartiennent pas et leur seront arrachées en cas de divorce ou de décès du mari. En Occident, bas salaires et temps partiels concernent davantage les femmes, surreprésentées dans les métiers du soin. Difficile de délocaliser ces emplois; c’est la main-d’œuvre qui traverse les frontières… Ce prolétariat féminin supporte toutes les contradictions de services publics à bout de souffle. Il pourrait aussi être au cœur d’une coalition sociale capable d’offrir un socle à des forces politiques progressistes.

Pour l’heure, le mot d’ordre phare des années 1970 – «l’intime est politique» – a repris de la vigueur. Comme l’expose la troisième partie, il s’accompagne d’une ardente exigence d’égalité en matière de sexualité, un domaine hanté par la contrainte ou l’abus. Déjà perceptibles dans les enquêtes sociologiques, de nouveaux rapports sociaux émergent. Loin de la caricature, les réformes suscitent de riches débats juridiques sur le consentement, la prostitution, le rôle de la justice pénale. Unique et universelle, la cause des femmes est une révolution en marche.

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